natureu morteu Collection été-hiver 2021-2022
Premier ouvrage édité pour ces deux compères, première critique avisée d’un certain Hubert de la Ventoline, des sons à ventiler ?
En ma qualité de critique autorisé, je juge de ma responsabilité cette assertion : Ce fascicule fera date. Et devra dès hier être considéré comme un nouveau manifeste dans l’histoire de l’art et de l’historiographie artistique. Non contents de nous faire survoler avec intelligence, discernement, élégance et érudition une période qui couvre de l’art pré-pariétal ” Ci-gît la gourmandise”- 4500- – 9000 à l’extrême-contemporain “Incident de Sarrazin”, 2022, les auteurs, Mimmo Assié et Antoine Queruel, avec une participation de Lucie V., entendent tourner le dos aux consensuelles ou trop spécialisées histoires de l’art pour nous soumettre un choix d’oeuvres aussi évident qu’essentiel dans la longue histoire de la nature morte. Mais il avait manqué jusqu’à aujourd’hui l’œil expert, à la fois avant-gardiste et intemporel de ces compères. Et redonner à ce genre, parfois négligé, parfois sous-estimé, sa dimension et son panache, sa marque véritable dans une histoire de l’art à laquelle elle participe mais dont les auteurs nous font comprendre désormais qu’elle en est au fondement. C’est du reste moins dans le choix indiscutable des œuvres faites que dans leur description et leur mise en perspective qu’apparait tout l’intérêt nouveau, qui n’en finira pas d’être renouvelé, de cet ouvrage inédit. Saisissant chaque instant de crasse beauté, de quotidien aussi abject qu’infiniment beau, du reste n’est-ce pas de la boue que l’alchimiste Baudelaire fait de l’or ? -, Assié et Queruel nous plongent au cœur du vivant. Partant de descriptions aussi précises que limpides, usant avec à-propos de chaque détail de chacune des œuvres, chaque texte de présentation se fait fort de joindre à la vie de l’œuvre sa place dans laquelle elle s’inscrit, qu’elle vient bouleverser. La nature morte sous la plume de Mrs Assié et Queruel ne se cantonne plus à être un genre parmi d’autres mais se revendique comme l’origine de tout geste artistique. Ne serait-ce qu’à apprécier la date de son émergence vers-45000- -9000 jusqu’à sa pratique contemporaine, elle s’impose comme la quintessence du geste artistique. Et c’est par ce travail savant, patiemment, longuement construit et mûri, que “natureu morteu” non seulement renouvelle la forme et le fond de la critiqueu mais nous met sous les yeux ce qui s’impose désormais comme une évidence qui aurait dû être mise au grand jour depuis longtemps déjà. De la sorte, ainsi que l’exhortait Trotsky, lors de ce mémorable 3 Juillet 1917 : ” Marins de Cronsdtat, gloire et orgueil de la Révolution Russe…” Les auteurs confèrent aux œuvres un statut que les artistes eux-mêmes ne leur soupçonnaient sans doute pas, et c’est en cela que nous devons rendre hommage à Mimmo et Antoine : ils révèlent aux artistes eux-mêmes, malgré leur gloire reconnue pour certains, que leur œuvre s’inscrit dans une portée, une temporalité, un tournant majeur qui les dépasse. La nature morte n’est pas que description, métaphore, allégorie, elle est l’art, elle est la vie. Nous manquions d’un soleil nouveau qui viendrait éclairer de sa lumière éblouissante cet aspect, pourtant souvent traité mais si souvent négligé, de l’art, mais leur manifeste, brillant, lumineux, chaud comme un rayon de soleil au printemps, redonne au genre tout ce qu’il a de plus insolent, souterrain, révoltant, puissant, profondément humain, vital. Voilà que ce soleil est apparu.
Hubert de la Ventoline